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Guillaume de Baskerville
Guillaume de Baskerville
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20 mars 2006

Trouver Merlin dans la forêt (suite)

Une fois encore j'ai roulé trop vite vers la forêt, une fois encore vers le sud-ouest sans boussole, sans carte et le souffle coupé. Cette fois le ciel était plus gris, il tombait par moment une bruine froide qui embuait le pare-brise. Vingt jours d'attente en apnée. Vingt jours d'attente entre le jour de la déesse des commencements et celui de l'archange à l'épée flamboyante où le rendez-vous fut fixé. La route avait-elle changée ? Elle m’at égaré. Sans comprendre mes gestes, j'ai pris le chemin de gauche, un peu avant l'ermitage de Merlin. Puis de nouveau à gauche un peu plus loin. Et j'ai trouvé un alignement mégalithique.
J'ai stoppé la voiture dans l'axe des menhirs et je les ai suivis à pied dans les brousailles humides. Le ciel se dégageait. Une lumière dure et brillante traversait la couche nuageuse. Les pierres étaient presque toutes tombées sur le sol. Seules deux d'entres elles étaient encore debout. La première est toute petite au début de l'alignement. Je les découvrais en avançant sur un chemin de ronces et de bruyères bordé d'arbustes.

tresse_02

Elles étaient allongées dans les herbes tous les deux ou trois mètres. Je me demandais quand il n'y en aurait plus et si quelque chose se trouvait à l'autre bout. Il y eut un angle, et peu après une grande pierre érigée. Etait-ce le bout ? Non, l'alignement de pierres couchées reprenait. Et puis soudain, dans un sous-bois apparût un chaos de rochers ronds et lisses. C'était une allée couverte en grande partie éboulée, entourée d'un reste de péristalithe. La beauté de ces pierres grises humides et brillantes émergeant sous les arbres me fit monter un sanglot dans la gorge et des larmes vinrent me brûler les yeux. Combien de générations d'humains avaient prié à cet endroit ? Combien de bras s'étaient tendus vers le ciel auprès de ces pierres ? Combien de fois la déesse de sous le tertre avait répondu à leur appel ? Emu au plus profond de mon corps, je sautais sur la plus haute pierre et levais moi aussi les bras vers le ciel. Pourquoi, alors que je me tournais vers le soleil, les bras tendus pour une prière violente, pourquoi se fit soudain entendre le grondement grave du tonnerre ? J'ai, en tête les paroles de Châteaubriand l'Enchanteur : "Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie !", "Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives, que j'épprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d'un cœur solitaire, ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre."

tresse_01

Mon imagination de celte crée l'espace qui m'entoure, les couleurs que veulent voir mes yeux, les sons que mon cœur veut entendre. Et soudain la passion m'emporte et je lève les bras au ciel, debout sur un dolmen, le corps tourné vers le soleil et le tonnerre gronde, l'éclair jaillit, l'orage est là !

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Commentaires
A
Je suis tombée sur la maison des fées par hasard, me promenant dans la forêt au couché du soleil. La lumière traversait la maison, majestueux.
Guillaume de Baskerville
  • J'erre de livre en livre, ne sachant plus auquel m'attacher. Longtemps j'ai aimé collectionner les savoirs. Mais un seul homme peut-il absorber toutes les pensées du monde ? Et cette quête, vers où mène-t-elle ?
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